Les saisons artificielles


Quand Akkadia, la promeneuse des chemins et des rues de Paris, visite le cycle de la vie, les saisons se déclinent. Des saisons en désordre rythmées par les états de l’âme. Rouge est l’été, bleu est l’hiver, jaune et vert sont le printemps, mauve est l’automne.
L’été est ardent. Les fleurs resplendissent. Elles ne sont pas une promesse.
Elles sont un rire du bout des lèvres, un couronnement, une flamboyance aux éclats jamais tapageurs. L’incandescence d’un feu. Il irradie sans brûler. Les fruits, baies rouges, sont des lampions. Ils brillent comme les ampoules d’une guirlande un soir de bal et d’ivresse.
 L’hiver est glaçant. Il rebute. Il a la froideur bleutée et étrange d’un paysage hors sol. C’est le domaine des Elfes.
 Le printemps est changeant. Les arbres bourgeonnent dans le froid. La vie perce. Les arbres sont des arcs d’ombres. Une pâleur sinistre glisse sur un voile jaunissant, se camouffle derrière la verdeur des feuillages. 
L’automne et un cortège de couronnes mortuaires est dérangeant.
Nous sommes le 1er novembre, le jour des Morts. La fadeur des teintes fanées suinte le malaise. Des revenants rôdent. Le bleu du printemps et le rouge de l’été ont mué en violet, l’ultime couleur du spectre solaire. Des allées du Père Lachaise aux décorations de Noël, les saisons déclinent. 
Il reste les ténèbres. Le noir comme une absence. Il enserre un vitrail d’église forcément syriaque tel un kaléidoscope aux effets de miroir réfléchissant à l’infini la lumière extérieure. L’alchimie des couleurs ramène tout compte fait à un ordre immuable. 
Il reste une impression de beauté surnaturelle, fantastique dans le sens littéraire du terme. Là-bas, dans un univers aux frontières de la magie où l’horreur côtoie le merveilleux.

Thierry Oberlé, 
Rédacteur en chef adjoint au LE FIGARO

 


 

„Für den Flanierenden geht folgende Verwandlung mit der Straße vor sich:
sie leitet ihn durch eine entschwundene Zeit.“

( Walter Benjamin, Pariser Passagen )

Die Fotografin Akkadia hat die Friedhöfe, Gärten und Parks der Stadt erkundet, ihre Boulevards und Kathedralen – den Spuren dieses deutschen Philosophen instinktiv folgend, der Paris über alles liebte –  so wie sie auch. Das kann man sehen. 
Ihre Arbeiten: leidenschaftlich auf der Suche nach  Wahrheit, nach Schönheit, nach dem magischen Moment des Augenblicks, der Ewigkeit bedeutet.
Verstörend wirken manche der Bilder, keine Hoffnung – nirgendwo. Und doch sind sie voller Kraft und opulenter Farben.
Der fotografische Apparat wird zu einer Art Seismograph, dessen Schockwellen sich widerspiegeln in den Linien und Schattierungen der Bilder. 
Und durch Mehrfachbelichtungen in der Kamera werden die Motive verfremdet bis zur Kenntlichkeit: 
morbide Blumen erzählen von der Vergänglichkeit des Lebens, uralte Bäume recken ihre Wipfel verzweifelt in den kalten Himmel, Feuerwerke werden dechiffriert als albtraumhaft schöne Explosionen. 
Kirchenfenster schimmern kaskadenhaft im Gegenlicht einer barbarischen Welt außer Kontrolle. 
Die entschwundene Zeit: unwiederbringlich vorbei. 
Und Paris? Es bleibt fast unsichtbar –  und ist doch überall zu spüren. Eine nervöse Zone…

Bernd Jacobs
, SPIEGEL-TV